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Energie solaire

L’énergie solaire en Afrique : vers un avenir radieux ?

Dans les 30 prochaines années, la taille de la population africaine va doubler pour atteindre à terme 2,5 milliards d’habitants en 2050. Aujourd’hui, le rythme de mise en service des nouvelles capacités de production d’électricité est inférieur à la croissance démographique. Ainsi, le nombre de personnes sans accès à l’électricité (645 millions d’Africains aujourd’hui) continuera d’augmenter jusqu’en 2025, voire 2040. Pour répondre à ces énormes besoins, il est essentiel d’accélérer le rythme de développement de la production d’électricité.  
 
Cependant, les émissions futures importantes qui résulteraient de l’adoption massive des moyens de production thermique pour fournir de l’électricité aux 2,5 milliards de personnes qui vivront en Afrique en 2050 seraient une catastrophe environnementale, qu’une politique climatique mondiale devrait viser à éviter en adoptant des technologies sans carbone.

L’énergie solaire : une solution sur mesure pour l’Afrique

lampe solaire upOwa

L’électricité produite à partir de l’énergie solaire photovoltaïque est une solution prometteuse, qui conviendrait parfaitement aux besoins des pays africains :

  • Le continent reçoit plus d’heures de soleil éclatant que tout autre continent.
  • L’énergie solaire est compétitive par rapport aux solutions thermiques.
  • Elle est simple à utiliser et peut être construite rapidement .
  • Elle s’adapte à la réalité du terrain, du kit solaire équipant une cheminée isolée, jusqu’à la gigantesque ferme solaire alimentant des villes entières. 
  • Elle peut fonctionner hors réseau , et donc approvisionner immédiatement les populations rurales isolées sans avoir à attendre le déploiement souvent long et coûteux des lignes à haute tension. 

Quelques déboires à surmonter

Cependant, à ce jour, très peu de projets ont été mis en œuvre en Afrique. Cet échec est dû à trois facteurs principaux :

  • Les outils de financement existants ne sont pas adaptés au caractère très capitalistique et à la petite taille des centrales solaires. L’essentiel de leur coût étant concentré sur l’investissement initial, qui est ensuite amorti sur plusieurs décennies, les projets solaires nécessitent une visibilité à long terme. Des garanties doivent donc être accordées aux entreprises souhaitant investir dans l’énergie solaire en Afrique, afin de couvrir ce coût initial. Or, les outils de garantie dont nous disposons aujourd’hui sont incompatibles avec la spécificité des centrales solaires, notamment en raison de leur petite taille.
     
  • La politique de subventions indiscriminée menée par quelques États et banques de développement génère un prix, certes très attractif, mais artificiel. Les initiatives subventionnées dans le domaine de l’énergie solaire ont des effets secondaires négatifs : elles fixent des prix de référence inaccessibles, empêchant ainsi l’émergence de tout autre projet à financement privé dans la région. Elles découragent donc les promoteurs privés de continuer à prendre des risques en entreprenant de nouveaux projets dans ces pays.
     
  • Enfin, le recours quasi systématique aux appels d’offres pour identifier et sélectionner les projets solaires pose certains problèmes. D’une part, les lourdeurs des procédures, disproportionnées par rapport à la taille de la plupart des projets, entraînent des délais plus longs et des coûts plus élevés. En revanche, anticipant des baisses de prix pour les panneaux solaires, les candidats sont incités à sous-enchérir. En conséquence, les projets lauréats ne sont souvent pas économiquement viables et ne voient jamais le jour.

Recommandations

Solutions solaires upOwa
Solutions solaires upOwa

L’Institut Montaigne a formulé neuf recommandations visant à surmonter ces trois obstacles, afin que l’énergie solaire puisse enfin réaliser son grand potentiel. 
 
Adapter les financements au caractère capitalistique et à la petite taille des projets solaires

  • Proposition 1 – Favoriser l’effort de planification, condition préalable au développement de l’énergie solaire, notamment en adaptant les cadres réglementaires à la spécificité des projets solaires.
     
  • Proposition 2 – Faciliter l’accès au financement. Notamment, la mise en place d’une documentation standardisée, disponible gratuitement et acceptée par tous, et la réduction des coûts d’instruction des dossiers en adaptant les exigences des bailleurs à la taille des projets.
     
  • Proposition 3 – Réduire le coût de financement : faciliter l’accès aux outils de rehaussement de crédit (garanties, assurances) et rendre accessibles les prêts concessionnels à ces projets.

 
Restreindre les subventions publiques lorsqu’elles créent des distorsions de marché

  • Proposition 4 – Vérifier qu’aucun projet privé n’est localisé dans une zone donnée avant d’envisager la mise en place d’un projet public à cet endroit.
     
  • Proposition 5 – Limiter au maximum les signaux de prix artificiels : éviter les subventions (pour les études, les terrains, les raccordements, etc.) susceptibles de décourager l’investissement privé.
     
  • Proposition 6 – Favoriser une meilleure collaboration entre fonds publics et privés : cibler les fonds publics sur des projets n’attirant pas de fonds privés, comme les infrastructures de réseaux moyenne et basse tension, la mise à disposition d’outils de rehaussement de crédit pour les contreparties publiques ou l’appui au renforcement des capacités.

 
Limiter le recours quasi exclusif à l’appel d’offres, notamment dans les contextes de marchés immatures et pour les petits projets

  • Proposition 7 – Favoriser des mécanismes adaptés à la taille des projets et au contexte de marchés immatures.
     
  • Proposition 8 – Accompagner les premiers développements, en mettant à disposition des Etats et des décideurs les expertises qui leur manquent, puis en organisant le transfert de compétences afin de créer une véritable filière industrielle pérenne.
     
  • Proposition 9 – Une fois le marché plus mature, envisager progressivement les mécanismes d’appel d’offres mais en les limitant aux projets de grande envergure.

Par Mahaut de Fougières – RESPONSABLE DU PROGRAMME DE POLITIQUE INTERNATIONALE

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